Ce n’est pas qu’en Italie que l’affaire relative à la saisie de munitions à Dakar est considérée comme une patate chaude par les autorités locales. À Guyana où le navire est immatriculé, l’administration ne veut surtout pas couler avec les propriétaires de l’Eolika.
La direction de l’administration maritime (MARAD) s’est fendue d’un communiqué pour affirmer que le navire n’est plus sous pavillon guyanien depuis décembre 2021.
Dans la même veine, elle renseigne que le Cargo Ship ne figure pas sur le registre local des navires et semble imputer la faute à l’Agence internationale de sécurité maritime de Guyana (IMSAG), organisme avec lequel l’administration affirme rompre tout lien depuis août 2021. Une manière pour le gouvernement de Guyana, un pays d’Amérique du sud, ancienne colonie britannique, de s’éloigner de cette affaire qui embrasse les contours d’un trafic international de munitions.
Dans cet esprit, la police guyanienne a ouvert une enquête et a alerté les forces de l’ordre régionales et internationales sans oublier de saisir le secrétariat général d’Interpol en vue d’informer tous les États membres d’aider à interroger un certain Suneil Kumar ». Ce dernier est présenté comme le directeur général d’une société impliquée dans l’immatriculation des navires.
Mais cette posture du gouvernement guyanien ne fait pas l’unanimité. Une députée de l’opposition trouve que les autorités sont dans une logique de fuite en avant. Citée par le site newssoucrcegy.com , Amanza Walton Desir invite le gouvernement à rendre public le registre national des navires battant pavillon guyanien.
Avant de passer sous drapeau du Guyana, le navire Eolika qui est une propriété de la société Imtraco Overseas Switzerland gérée par Fast Marine Corp du grec Theodoros Rellos était sous pavillon panaméen. Fabriqué en 1983, le bateau qui mesure 80 mètres de long a connu six vies en passant de compagnie en compagnie. Jusqu’en juin 2021, il avait pour nom « Eurika » et était sous la responsabilité de l’armateur Sipping FZ LLC.
La société italienne productrice des munitions, Fiocchi Munizioni, dans un communiqué, envoyé à Dakaractu, a reconnu que la cargaison n’était pas censée passer par le Sénégal et qu’une seule escale technique était prévue à Las Palmas, aux Iles Canaries. Arrivé le 19 décembre dernier dans les eaux sénégalaises, l’Eolika ne les a plus quittées puisqu’entre les 13 et 14 janvier, la douane qui avait des soupçons sur l’équipage est passée à l’action pour fouiller le chargement. Arrêté, l’équipage composé de trois ressortissants ukrainiens est mis en détention en même temps que le gérant de la société qui arme le navire…