L’écrivain marocain Fouad Laroui est au coeur d’un scandale sexuel aux Pays-Bas. L’Université d’Amsterdam a été épinglée pour son laxisme alors que plusieurs étudiantes ont été dénoncées des agressions sexuelles du professeur.
Une étudiante française, en troisième année à l’Université d’Amsterdam à l’époque des faits, est sortie récemment de son silence en révélant qu’après avoir dû changer d’établissement, le professeur qu’elle accuse d’être son agresseur officierait toujours à l’UvA. Il s’agit de l’écrivain marocain Fouad Laroui, mis en cause dans des soupçons similaires vis-à-vis d’autres étudiantes de la Faculté des sciences humaines.
Dans un article de NRC, les extraits du témoignage de la plaignante principale sont représailles, les faits remonteraient à début 2017. A l’époque, l’enseignant et membre de la Commission spéciale pour le nouveau modèle de développement (CSMD) traverse une période difficile. Son état de santé mentale l’oblige à rester chez lui, sous traitement médical. Après une visite de courtoisie de son étudiante, elle dit avoir été victime d’une agression sexuelle.
Une loi du silence difficile à briser
Quelques mois plus tard, l’étudiante saisit l’université en déposant une plainte officielle, le 29 août 2017. Elle formule le souhait que l’enseignant soit suspendu et qu’il n’ait plus de contact avec elle. Malgré la tenue d’une audience en conseil de l’université, Fouad Laroui ne sera pas suspendu. L’enseignant se défend, rejetant les accusations et soutenant avoir toujours eu une relation paternelle avec ses étudiants. Selon NRC, il remet des documents au comité des plaintes pour étayer sa version, selon laquelle la salle de l’étudiante chez lui s’est faite à sa demande à elle et qu’il était sous traitement à ce moment-là.
Après presque une procédure au sein de l’université, cette dernière reconnaît le comportement transgressif de l’enseignant, prend acte des soupçons autour du caractère répétitif de cette attitude et recommande une enquête interne d’autres étudiantes, qui n’auraient pas jamais été interrogées.
Pour sa part, le comité note ne pas être en mesure de définir réellement ce qui s’est passé entre la plaignante principale et l’enseignant, le jour de la visite à domicile. Arrivée à bout, la finit par changer d’université et Fouad Laroui reprend ses cours.
L’Université d’Amsterdam veut rouvrir le dossier
Mais plus tard, NRC apprend que Fouad Laroui n’aurait plus donné de cours, depuis fin novembre 2020, pour des raisons personnelles. Par ailleurs, aucune mesure administrative ne confirme le lien entre cette absence et les faits pour lesquels il est soupçonné.
Contacté par le site d’information marocain Le Desk, Fouad Laroui affirme pour sa part qu’après la publication des articles en question, l’université a décidé de «ouvrir l’affaire». «En attendant, on me demande de travailler de chez moi, ce qui ne change rien parce que je n’ai plus de cours jusqu’à début février. Je ne suis donc pas suspendu », a-t-il affirmé.
L’écrivain soutient en effet que depuis le temps, l’affaire aurait été classée, avant que les récentes révélations de la presse ne fassent changer l’université d’avis. Il rejette en bloc les faits lui étant reprochés, mais concède avoir eu un «comportement interdit». Refusant tout caractère sexuel de ces actes, il estime que «c’était à l’évidence une faute», il n’y a eu ni viol, ni violences, rapport de la commission à l’appui.
Mais Fouad Laroui semble gêné du relais des articles de NRC sur le sujet, notamment une traduction en arabe «ostensiblement» partagée sur les réseaux sociaux. Il y voit notamment les conséquences de conflits personnels avec l’un de ses collègues à l’université.
Avec Yabiladi