Sur les images du terrible accident survenu, dimanche dernier à Kaolack, entre un camion et un taxi, il est difficile de croire qu’il y a eu un survivant parmi les occupants du taxi. C’est pourquoi le vocable qui sied pour désigner Saoudiatou Bâ, est celui de miraculée. La quarantaine, de teint clair, la taille élancée, elle s’en est tirée avec quelques blessures à l’œil gauche et au dos. Chez elle, à Sarra, dans sa chambre, Saoudiatou, surnommée ‘’Nama’’, raconte comment elle a survécu à ce drame.
La discussion est difficile, car elle ne cesse de recevoir des visites et des coups de fil des parents et proches qui veulent s’enquérir de sa santé. Pendant un moment de répit, elle raconte : ‘’J’ai survécu par miracle. Certains disent que j’ai succombé à mes blessures. Non, je rends grâce à Dieu. J’ai eu quelques blessures. J’étais devant et lorsque l’accident s’est produit, je me suis courbée dans le taxi. Je suis restée dans cette position pendant presque une heure, avant que l’on me sauve. L’accident a été brusque, très rapide même. J’ai entendu le bruit du choc, ensuite, tout est devenu calme. Il y avait un autre camion devant nous’’.
Elle ajoute, le visage triste: ‘’J’ai fourni beaucoup d’efforts pour sortir ma main, afin que les gens (les sapeurs-pompiers en particulier) me voient. L’un des pompiers a tenu ma main. Il s’est accroupi et n’a eu de cesse de me dire : ‘Tenez bon. Ne lâchez pas. Ne lâchez pas, s’il vous plaît.’ C’est ça qui m’a motivée à ne pas céder et je suis restée courbée. Je rends grâce à Dieu, car ce n’était pas facile’’. Sur le lit, gisent des boîtes de médicaments. Aujourd’hui, elle se sent reconnaissante envers ses sauveurs. ‘’Les pompiers ont abattu un travail extraordinaire’’. Ils ont dû, d’après elle, fournir énormément d’efforts pour la faire sortir.
‘’Toutes les victimes habitent le quartier Sarra’’
Couturière de profession, elle dit être sortie pour aller acheter quelques garnitures au marché. C’est au retour qu’elle a pris le taxi immatriculé KL 4311. Elle indique qu’ils étaient deux femmes et trois hommes (deux clients et le chauffeur) dans le taxi. Toujours sous le choc, l’œil gauche tuméfié et rougeâtre, elle se souvient des dernières minutes qu’elle a passées avec les autres passagers.
‘’Dans le taxi, on discutait paisiblement et l’on se taquinait. L’un des occupants s’appelait Albert Diouf ; il est sérère et revenait de la messe et moi, je suis peulh. Imaginez, on discutait avec beaucoup d’humour. Ils ne savaient pas qu’ils allaient rendre l’âme, tous en même temps. Il y avait un Maure du nom d’Abdoul War, qui était venu pour la cérémonie de prières de sa défunte maman. La dame qui était derrière est une Camara ; elle était au marché avec sa coépouse. Le taxi était presque plein, c’est pourquoi sa coépouse a pris un autre taxi. Certains disent même qu’elle avait un bébé. Non, elle avait attaché son foulard sur sa poitrine. Tous habitaient à Sarra. Le chauffeur s’appelait Ndiaga Ndao’’, révèle-t-elle.
D’ailleurs, ajoute-t-elle avec émotion, ‘’à la gare routière, avant de quitter, le chauffeur et un de ses collègues se disputaient les clients. Notre chauffeur a insisté, disant que c’était son tour et l’autre a cédé’’, dit Saoudiatou Bâ. En convalescence, la dame renseigne, aussi, avoir contracté une blessure ouverte au dos. Ce qui lui a valu de subir des interventions chirurgicales.
Avec Enquête