Au Sénégal, dans la région de Diourbel, naissait il y a 100 ans Cheikh Anta Diop, le 29 décembre 1923. Cet historien majeur, qui a profondément marqué les esprits par son œuvre ambitieuse, a replacé le continent africain au cœur de l’histoire universelle. Scientifique, panafricaniste, Cheikh Anta Diop est mort en 1986 laissant derrière lui des écrits qui continuent toujours à être étudiés aujourd’hui. (source: rfi.fr)
« Quand pourra-t-on parler de renaissance africaine ? ». Cheikh Anta Diop a 24 ans en 1948 lorsqu’il énonce cette question qui sera la quête de sa vie. Le nom du chercheur est associé à ses deux grands thèmes de recherche : l’africanité de l’ancienne Égypte – « l’Égypte nègre » comme il l’a nommé dans ses travaux – et les origines africaines de l’humanité.
Brillant, venu étudier en France, Cheikh Anta Diop obtient son doctorat en 1960, malgré les critiques liées à la période coloniale. Sa thèse « Nations nègres et culture » connait un succès en librairies : Aimé Césaire estime que c’est le livre « le plus audacieux qu’un nègre ait jusqu’ici écrit et qui comptera à n’en pas douter dans le réveil de l’Afrique ».
En 1961, de retour à Dakar, le chercheur crée, au sein de l’Ifan dirigé par Théodore Monod, un laboratoire de datation par le carbone 14 où il va poursuivre ses travaux jusqu’à la fin de sa vie en 1986.
À sa mort, ses idées sur l’Égypte nègre, tout comme celles sur la profondeur et l’antériorité de l’héritage culturel africain, ne faisaient plus polémique. En mars 1987, l’Université de Dakar devient Université Cheikh Anta Diop. Le scientifique est alors devenu une icône dans le monde mais n’est pas enseigné au Sénégal : ce n’est qu’en 2016 que le Président Macky Sall ordonne au gouvernement « de promouvoir auprès des jeunes et des étudiants notamment les œuvres, enseignements et recherches de cet illustre fils du Sénégal ».
La voix de ce grand penseur sénégalais, historien et homme politique continue à résonner, alors qu’il aurait eu 100 ans le 29 décembre 2023. Ici, en 1984, lors d’une conférence qu’il prononce à Niamey, la capitale du Niger, il s’adresse alors à la jeunesse nigérienne qui le questionne sur le manque de reconnaissance : « Formez-vous ! Armez-vous de sciences jusqu’aux dents ! À formation égale, la vérité triomphe ! Et arrachez votre patrimoine culturel. »
Avec Sud Quotidien