Abdou Latif Coulibaly, l’auteur du livre Sénégal en marche, aborde essentiellement dans cet ouvrage, la conduite et les réalisations qui ont eu lieu au cours du septennat du Président Macky Sall (2012-2019). Et d’ores et déjà, l’auteur met l’accent sur les défis qu’impose un nouveau quinquennat (2019-2024), obtenu à la faveur de l’élection du 24 février 2019.
Ancien ministre de la Culture (2017-2019), Abdoul Latif Coulibaly rapporte des informations édifiantes. Son regard clairvoyant présente avec minutie le déroulement de l’histoire au Sénégal et les changements effectués depuis l’élection présidentielle 2012. Au-delà des considérations historiques très proches, nous avons entre les mains un livre visionnaire car à la lumière des faits rapportés qu’il décrit avec précision, il pressent et à juste titre, les changements majeurs auxquels on assiste et auxquels le Sénégal assistera.
L’ancien ministre démontre ainsi, que le Sénégal traverse une période cruciale et charnière de son histoire qui soulève évidemment les emblématiques questions : dans quelle mesure les politiques mises en œuvre au cours du mandat passé, seront-elles naturellement poursuivies avec le quinquennat en cours ? Pourront-elles permettre au Sénégal un nouvel essor pour enfin, le faire entrer, comme prévu à l’horizon 2035, dans le club encore très restreint des pays émergents dans le monde ? En somme, quel avenir pour quel Sénégal ?
Aucun détail inutile ici, aucun sujet superficiellement traité ou survolé. C’est un récit captivant qui évoque toutes les dimensions attachées à l’exaltante mission de conduire le destin d’un peuple : le politique, l’économique, le social ou enfin, le géopolitique. Tous ces thèmes y sont consignés. L’auteur nous éclaire sur une action et son moment. Plus encore, il met donc en perspective un avenir envisagé avec optimisme, afin de résister à un afro-pessimisme dévastateur qui est plus engoncé que jamais dans des certitudes erronées, des préjugés faits de mépris. Cette attitude tend vers l’immobilisme. Penser que rien ne bouge et ne pourra positivement bouger en Afrique est une aberration. L’auteur soutient, qu’en dépit des défis majeurs de l’avenir, entre autres ceux relevés avec lucidité tels que la jeunesse et ses angoisses, la gestion des hydrocarbures découverts dans le pays, la sécurité nationale, etc., le rêve de l’émergence est loin d’être une utopie.
Tout à la fois essai politique et Histoire vécue, Sénégal, l’histoire en marche paraît le 15 février 2020 aux éditions parisiennes les points sur les i.
Introduction
«Le samedi 2 novembre 2019, j’ai eu beaucoup de plaisir à écouter, sur les antennes de Radio France Internationale (RFI), «l’écrivain chilien en résistance», Luis Sepúlveda, expliquer avec une rare finesse d’esprit le sens et la signification symbolique de son roman intitulé : Histoire d’une baleine blanche2. «Cette baleine blanche doit se battre contre les prédateurs de son milieu immobile, en particulier contre la baleine Essex. Elle doit livrer une guerre impitoyable contre les baleiniers et devenir ainsi un grand mythe de la littérature.» A la journaliste, Catherine Fruchon-Toussaint, qui l’interroge et qui a envie de connaître ses motivations quand il prend la plume, il répond : «J’écris pour résister.» Il ne m’a pas échappé que, lors de cette interview, l’auteur se replace dans le contexte de son pays natal, le Chili, et dans l’histoire propre de la Nation chilienne, à jamais marquée par la féroce dictature du général Pinochet4. Pourtant, bien qu’ayant une histoire différente de la sienne, car j’ai eu la bonne fortune de n’avoir jamais vécu sous une dictature, je n’en éprouve pas moins le désir ardent de lui emprunter sa pensée pour affirmer ma résistance, face aux assauts répétés de tous ces afro-pessimistes qui écument les studios de télévision et de radio, occupent les colonnes des journaux écrits, trustent tous les réseaux pour prononcer des sentences définitives contre nos pays, si ce n’est contre «l’espèce africaine». A eux tous, j’ai envie de leur dire, à travers cet ouvrage, qu’il y a bien des pays dans notre continent où les choses bougent et avancent positivement. On y enregistre des taux de croissance remarquables entraînant des progrès économiques et sociaux indéniables. Des pays dans lesquels les taux d’analphabétisme reculent, où des maladies endémiques comme le paludisme, le sida et autres, qui décimaient jusqu’ici les populations, reculent, et ont même tendance à disparaître. Eh oui, n’en déplaise à tous ces prophètes de malheur, il existe en Afrique des pays qui déploient des efforts incommensurables pour une prise en charge correcte des besoins vitaux des populations, avec des réussites indéniables à la clé. Elles sont enregistrées, certes, à l’insu de ces mauvais prophètes, elles n’en sont pas moins réelles et rendent plus optimistes, moins fatalistes et moins résignées les populations, quant à leur façon d’entrevoir leur avenir dans les moyen et long termes. (…)
P r e m i è r e p a r t i e
24 février 2019, à la lumière de l’histoire électorale récente du Sénégal
Toutes les contestations soulevées par l’opposition pour tenter de remettre en cause la crédibilité de ce scrutin, après l’élection présidentielle de février 2019, partent d’une fausse idée expliquant que le Président Macky Sall serait à l’origine d’un dérèglement total du Code électoral en vigueur depuis 1992, qui avait pourtant permis, selon les opposants, de doter le Sénégal d’un processus électoral exempt de reproches majeurs. Les opposants perdants au suffrage universel expliquent qu’il avait la volonté de bouleverser tout le processus des votes, en rompant volontairement toute attache avec le consensus ayant prévalu au sein de la classe politique nationale, et qui assurait l’application de ce code. Cette prétention ne correspond à aucune réalité dès lors que l’on examine avec du recul l’histoire électorale récente du pays, et en partant de l’application de ce fameux texte qui a eu lieu pour la première fois en 1993, lors du scrutin présidentiel de la même année. Peu, parmi ces opposants, saisissent de manière claire les péripéties de la naissance de ce système électoral né du Code électoral de 1992. La plupart d’entre eux ne sont pas suffisamment informés sur les événements postélectoraux ayant suivi le scrutin présidentiel de 1988. Or, ce sont ces événements qui ont été à la base de l’ensemble des décisions qui ont conduit au Code de 1992. Ce système est né, comme d’ailleurs celui de 1963 qui l’a précédé, à la suite d’une grave crise institutionnelle ou politique. (…)
D e u x i è m e p a r t i e :
Les résultats qui illustrent un septennat bien rempli
Les résultats du vote du 24 février scellent, d’une certaine façon, le travail d’un septennat bien rempli en termes de réalisations économiques et sociales. Les succès du mandat qui s’est achevé ont convaincu de nombreux citoyens. Nous ne pouvons pas présenter toutes ces réalisations dans le cadre de cet ouvrage. Nous avons alors choisi de présenter celles qui nous sont parues les plus significatives, en mettant en particulier l’accent sur les résultats ayant un cachet social marqué et une incidence immédiate sur le bien-être de nos compatriotes. Avant d’entrer dans le détail des explications qui permettent de montrer comment et dans quelle mesure les succès enregistrés ont pu décider les électeurs sénégalais, nous avons pensé proposer une grille de lecture du scrutin du 24 février 2019, afin d’aider à mieux faire comprendre ce qui a pu déterminer le vote majoritaire des électeurs. Mais il nous faut également analyser le comportement des vaincus qui ont rejeté le verdict, et refusé de féliciter le vainqueur de la compétition. Pourtant, dans un contexte africain particulier où les élections sont souvent ponctuées par de vives contestations, les Sénégalais peuvent bien se montrer fiers d’eux-mêmes et de leur système électoral. Il y a de quoi l’être, après avoir assisté à une campagne électorale calme, enregistré un vote sans incident majeur, avec un taux de participation important des électeurs (66 %), enfin, et été témoin d’une proclamation des résultats dans une remarquable ambiance de paix. (…)
Quelle leçon politique majeure en tirer pour la majorité présidentielle ? Celle-ci doit définitivement comprendre et accepter l’idée qu’aucune rupture, douce ou brutale, n’est souhaitable dans ses rangs au moment où il faudra se préparer pour affronter le scrutin de 2024. Quant à l’opposition, même si les regroupements politiques sont plus rassurants pour elle, son morcellement -qui sera peut-être inévitable- en divers pôles, ne sera pas nécessairement un drame. La preuve nous en a été donnée par les résultats des scrutins de 2000 et de 2012. Le candidat Macky Sall avait soutenu ce point de vue dans le cadre unitaire de l’opposition, et il avait rejoint Bennoo Siggil Senegaal après son départ du Pds. Paradoxalement, le parrainage que cette même opposition continue toujours de dénoncer pourrait jouer en sa faveur, en opérant comme un filtre et comme un formidable mécanisme de rationalisation des candidatures, d’où elle peut tirer, à son insu, un avantage certain par rapport à la majorité sortante. (…)
II. UN DEUXIÈME MANDAT POUR CONFIRMER LES ACQUIS
Rappelons que le Conseil constitutionnel a proclamé les résultats définitifs de l’élection présidentielle du dimanche 24 février 2019 le vendredi 8 mars. Il est ressorti du document officiel publié par le conseil que le candidat sortant, Macky Sall, a obtenu 58,26 % des suffrages valablement exprimés, sur un nombre total de votants s’élevant à 4 420 000 (sur un total d’inscrits de 6 683 680). Le taux de participation était donc de 66,27 % des inscrits. Le Président sortant, qui vient ainsi de bénéficier d’une nouvelle confiance du Peuple, doit se remettre immédiatement au travail pour confirmer la dynamique de développement engagée au cours du septennat qui a été déjà bien rempli. Sans conteste, l’exécution du premier mandat aura suscité beaucoup d’intérêt auprès de l’opinion nationale, et même internationale, ce qui est pleinement justifié, car il a fait naître des attentes et soulevé des espoirs immenses auprès de toutes les couches de la population. Le Président reconduit doit alors rapidement trouver les moyens et voies appropriés pour consolider les acquis engrangés lors de son premier mandat, qui ont été possibles par la mise en œuvre de la première étape du Plan Sénégal Emergent (PSE). Il lui revient également le devoir de porter avec autant, sinon avec plus de rigueur, l’entame et la conduite de la deuxième étape de ce PSE. Le deuxième Programme d’Actions Prioritaires (PAP2) de ce Plan vient dans le même esprit que le PAP1, pour renforcer la dynamique notable de croissance de l’économie et de sa transformation structurelle. (…)
PSE : une option radicale dans la conduite des politiques
Un plan pour assurer l’émergence du Sénégal ! En prenant la décision de lancer le PSE ? Macky Sall avait, comme il l’explique lui-même, la ferme conviction que le Sénégal gardait encore intacte sa capacité à transcender les difficultés auxquelles il est confronté depuis son accession à la souveraineté internationale, pour s’affirmer économiquement dans le concert des nations du monde. On ne le répétera jamais assez : «Pendant plusieurs décennies, des politiques et stratégies ont été mises en œuvre au Sénégal, sans une amélioration conséquente de la situation économique et sociale des populations. Au contraire, le pays a vécu une situation de croissance faible et erratique caractérisée par un essoufflement rapide des moteurs traditionnels qui portaient l’économie se traduisant par un chômage massif, une pauvreté endémique et de fortes disparités sociales et territoriales.»
Cette tendance est imputable au choix des gouvernants de faire porter l’activité par quelques secteurs dont le marasme induit un ralentissement, voire un déclin dans la production de richesses. Face à tout cela, le président de la République a alors décidé «de rompre avec les schémas classiques, pour positionner le pays dans la voie de la modernité et impulser un nouveau modèle de développement économique et social. C’est toute la portée et la signification du Plan Sénégal Emergent (PSE)».
Les ambitions de base du PSE
Cette nouvelle option politique, comme il est devenu coutume de le dire, repose sur trois axes fondamentaux qui en déterminent le contenu et les orientations. Une vision détermine ces axes nodaux. Le PSE opérationnalise en effet la vision d’un : «Sénégal émergent en 2035, avec une société solidaire, dans un Etat de droit», l’objectif étant d’installer le Sénégal et son économie dans une trajectoire de «croissance forte, inclusive, durable, créatrice d’emplois et tout en préservant tous les équilibres écologiques et environnementaux». Le PSE vise en particulier, en l’espace d’une décennie, un décollage qui se traduira à la fois par un développement économique et par des progrès sensibles en matière de développement humain, à travers des objectifs quantitatifs, à l’horizon 2023.
Je parlerai avec beaucoup d’enthousiasme du PSE, je parlerai surtout des avancées qu’il a déjà permis à notre pays d’enregistrer dans le domaine économique. J’ai fait un choix de cœur. J’aurais pu m’étendre sur toutes les réalisations et tous les secteurs dans lesquels elles ont été opérées, mais je reste conscient de l’ampleur de la tâche et des difficultés qu’impose le pari d’une telle exhaustivité. Et c’est l’une des raisons, sinon la principale, qui m’ont amené à faire un choix qui paraîtra en définitive arbitraire du fait de l’élimination qui en découle. Cette exclusion peut sembler sans raison, mais c’est celle du cœur. Ils sont encore nombreux, parmi les responsables de l’opposition politique nationale, à se montrer sceptiques, voire irrités, quand on leur parle du PSE. (…)
V. L’avenir proche du PSE : Plan d’Actions Prioritaires (PAP), échéance 2019-2023
Le tour d’horizon que nous avons réalisé dans bien des domaines du Plan Sénégal Emergent a permis de comprendre ce que signifie, en termes pratiques, ce référentiel de base de nos politiques publiques, et quels impacts positifs et considérables il a favorisés dans l’évolution et la transformation profonde du système économique et social du pays, et dans l’amélioration du bien-être des populations, durant le septennat qui s’est achevé le 2 avril 2019. Rappelons que le PSE s’inscrit dans la perspective que lui dessine l’Etat dans le cadre du plan stratégique des actions prioritaires élaborées dans sa phase II. Nous allons désormais en parler en scrutant brièvement son avenir immédiat, c’est-à-dire ce qui concerne la période 2019-2023, en nous appuyant sur le document précédemment mis en ligne, et toujours disponible sur Internet, par le ministère de l’Economie, des Finances et du Plan (MEFP), qui n’existe plus, et qui a été repris à son compte par le nouveau ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération (MEFC), qui en assure désormais, depuis le remaniement ministériel du 7 avril 2019, la tutelle technique102. Cette programmation dans le temps de l’exécution de la phase II du PSE détermine désormais les engagements et charges du quinquennat en cours. On rappelle qu’à l’occasion du Conseil des ministres du mercredi 2 octobre, le président de la République a, dans ce sens, informé le conseil de sa volonté d’accorder une priorité absolue à la mise en œuvre du Plan stratégique de la Phase II du PSE.
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A. Les défis auxquels il faut faire face
1) Le développement d’une économie compétitive, inclusive et résiliente
«L’accélération de la dynamique de transformation structurelle de l’économie ne peut se réaliser sans une forte productivité des secteurs économiques porteurs de croissance, une création massive d’emplois, ainsi qu’un accroissement et une diversification des exportations. Ainsi, il demeure fondamental de rehausser les niveaux d’investissements productifs, de consolider les chaînes de valeurs, et de mettre en place, au niveau des territoires, des infrastructures de soutien au développement. Il convient également d’accélérer le processus d’industrialisation, en misant sur le développement de PME/PMI plus performantes ; la promotion de champions nationaux ; l’attraction des investissements directs pour capitaliser les opportunités en matière d’innovation ; la valorisation des potentialités agricoles, touristiques et minières, ainsi que la mise en place d’un écosystème du pétrole et d’une économie numérique plus innovante.» (…)
Q u a t r i è m e p a r t i e
Hydrocarbures, une chance pour l’émergence et le développement
Face à l’incertitude d’un changement politique, les électeurs sénégalais ont peut-être opté pour la continuité, en gardant Macky Sall, et en misant avec lui sur plusieurs tableaux. Sans aucun doute, figurent en bonne place dans ces tableaux l’exploitation et la mise en valeur des importantes découvertes de gisements de gaz et de pétrole dont ils attendent beaucoup. Ils lui ont fait confiance en ayant à l’esprit son expertise avérée en la matière, ses capacités politiques et techniques à transformer d’abord les produits de ces gisements en recettes budgétaires, et de savoir faire face aux immenses besoins de ressources financières pour notre économie. En s’appuyant sur ces mêmes produits stratégiques, nul doute qu’il saura construire une nouvelle économie qui fera de ces produits un puissant moteur d’un développement économique endogène, global, intégré et solidaire.
Les électeurs ont bien évalué le défi : régler définitivement l’extraversion de notre système de production nationale pour dépasser l’émergence, et arrimer le pays sur l’orbite d’un développement maîtrisé et durable. La question du gaz et du pétrole va au-delà de la question économique stricto sensu, tout en l’intégrant, car ces ressources permettront de nous forger un destin assumé dans la souveraineté d’un Etat indépendant économiquement, capable de conquérir une place de choix, avec responsabilité et dignité dans le concert des nations du monde qui comptent, et dont la voix sera encore plus audible et plus respectée qu’elle ne l’est aujourd’hui. (…)
La jouissance des fruits des découvertes d’hydrocarbures
Cette jouissance est vaste dans ses manifestations ; elle est ainsi attendue à plusieurs niveaux, à commencer par celui des recettes fiscales et parafiscales. On n’oubliera pas d’autre part que le Sénégal dispose essentiellement de son budget pour assurer son développement : on peut dès lors imaginer l’impact réel que les exportations du pétrole et du gaz pourraient avoir directement sur la constitution du collectif budgétaire présenté par le gouvernement, et adopté chaque année par l’Assemblée nationale. Nos hydrocarbures devraient constituer un levier pour assurer un développement conséquent de l’industrie pétrochimique locale, à partir desquelles les engrais et les médicaments sont fabriqués. Par ailleurs, nous pouvons croire que le Sénégal disposera de moyens pour entreprendre un travail utile de développement de nos petites et moyennes industries. Ces hydrocarbures devront assurer en outre la croissance d’une économie d’ensemble structurée autour de ces ressources, en vue de consolider la mise en place d’un tissu économique endogène et intégré. Dans l’esprit des citoyens, ce sont généralement les seules retombées financières des hydrocarbures qui sont bien perçues. Or, le pétrole et le gaz, si toutefois ces deux ressources sont stratégiquement bien gérées, vont bien au-delà de cet aspect financier qui a été si souvent privilégié, et qui a souvent été également à l’origine de ce qu’il est convenu d’appeler dans le langage courant “la malédiction de l’or noir”. Il n’y a pourtant aucune fatalité qui vaille en la matière, et il suffit de savoir éviter certaines des erreurs et plusieurs des écueils qui ont pu se révéler fatals ailleurs.
Les recettes fiscales et autres
On imagine bien les différentes formes de retombées financières de l’exploitation de nos ressources d’hydrocarbures. Pour parler de recettes, il est important de signaler les importantes rentrées budgétaires attendues de l’exploitation de ces hydrocarbures, même si cette perspective n’est pas envisagée comme une fin en soi. Tant s’en faudrait, d’ailleurs ! Les recettes seront perçues sur la base de règles bien établies dans les conventions nous liant aux compagnies pétrolières et gazières. Comme nous l’avons déjà montré dans les développements contenus dans le chapitre précédent consacré aux ressources gazières et pétrolières, toutes les retombées attendues ont été prévues et organisées sur des règles établies dans les CRPP de base, signés pour le gaz comme pour le pétrole. Les conventions dont il s’agit prévoient, rappelons-le, essentiellement trois catégories de recettes que nous pouvons énumérer ainsi : 1. Les apports de la rémunération des parts dont dispose Petrosen dans la géographie des capitaux des compagnies de pétrole et de gaz de droit sénégalais qui exploitent nos ressources. Ces parts prises par Petrosen pour le compte de l’Etat du Sénégal sont susceptibles de varier, dans tous les cas, entre 10 et 20 % du capital indiqué, donnent droit à des dividendes, au prorata de la participation de l’Etat. Cette partie de recettes n’est pas négligeable, même si elle reste limitée par rapport à l’ensemble des recettes globales.
2. Le Sénégal pourrait disposer, d’après l’avis des experts, de plus de 60% des revenus de son pétrole et de son gaz après recouvrement des investissements. D’autres experts, se montrant plus généreux, parlent de 70%. Cela est envisageable si on se base sur : les parts du Sénégal résultant du partage de production qui pourrait donner lieu à une commercialisation de brut sur le marché international. Cette part pourrait être comprise entre 35 et 58%, dans une fourchette établie entre zéro à 120 000 barils/jour, conformément aux contrats signés ; les 30% d’impôts sur les sociétés, quand l’exploitation va commencer ; les impôts sur les salaires et autres. (…)
Du curieux et faux débat ouvert sur les hydrocarbures
Si ce n’était pas le pétrole et le gaz qui sont en cause, il ne serait peut-être pas très utile de nous attarder sur les accusations formulées par certains opposants contre le pouvoir, notamment, l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, dans sa façon de conduire le pays vers un système d’exploitation de nos importants gisements de gaz et de pétrole. Cette matière est à notre avis trop sensible et importante pour l’avenir de ce pays. Il paraît donc prudent de laisser prospérer une once de doute et de soupçon dans l’esprit des citoyens, quant à l’intégrité et la transparence des mécanismes conduisant à l’exploitation prochaine de nos hydrocarbures. En laissant prospérer des contrevérités et des amalgames, on pourrait laisser croire que toutes nos ressources d’hydrocarbures seraient compromises par les autorités, qui auraient failli à leur devoir de conduire ce pays vers une exploitation responsable et largement bénéfique pour le Peuple sénégalais. On remarque, en suivant la ronde des accusateurs les plus virulents, les philippiques de l’ancien Premier ministre précité, et les attaques ravageuses du néo-opposant Ousmane Sonko, ainsi que celles du député Mamadou Lamine Diallo. Ce n’est que tardivement que la chaîne britannique de télévision BBC est venue au secours de nos opposants pour diffuser une «enquête» qui conforte leurs critiques. (…)»