Dans un texte publié sur sa page Facebook, Thierno Bocoum est revenu sur la diversité culturelle qui fait la beauté du Sénégal. Cette sortie de ce membre de la coalition AAR Sénégal intervient au lendemain des propos ethnicistes de Ousmane Sonko sur Macky Sall et la Casamance. En lisant ce texte de Bocoum on se rend compte que notre est audesssus de toutes ses querelles politicienne.
Ce SÉNÉGAL que j’aime !…Par Thierno Bocoum
Je suis né à Kaolack un certain 30 mai. La chaleur de ce mois au Saloum m’a accueilli sur terre.
Je me souviens qu’à mon enfance je portais des pull-overs en pleine chaleur. Il fallait me les confisquer pour que je me résigne à m’adapter.
Kaolack est ma fierté. C’est ma ville de naissance. La terre que je chérirais de toute ma vie. La ville de Baye Niass est ma fierté. A Thiaré dans le Ndoffane, cœur du Saloum, se trouvent mes oncles et tantes. J’y ai appris à monter à cheval.
Diourbel, ma passion
Diourbel est la ville de mes grands-parents. J’y ai fait mes premiers pas à l’école (école Mame Diarra Bousso). C’est aussi à Diourbel où j’ai eu mon Bac au lycée Technique Cheikh Ahmadou Bamba (LTAB). J’y ai joué au nawétane dans les équipes Déklé et yegoo.
Diourbel a fait de moi le Baol Baol que je suis.
C’est à Diourbel où reposent mes défunts pères, mes grands-parents, mes gogos…, où se trouve la demeure de mes grands-parents paternels….
Diourbel est ma passion. Tout enfant, j’ai toujours rêvé de changer son visage.
Thiès, mon espoir
À Thiès, où se trouve la maison de mes parents, j’ai appris à me battre, à jouer au football entre Ngouille tékhé (grand thies) et Randouléne en passant par rond-point Normandie. J’ai connu Ndosso, Sangomar, Gandiol, cinéma amitié, cinéma palace…Thiès est dans mon cœur. Dans les cimetières de madocky y repose mon défunt fils. Thies nous donne de l’espoir. Elle bénéficie énormément d’opportunités à saisir et à exploiter.
Fouta mon inspiration
Séno Palel (Kanel-Matam) est le village de mon grand-père maternel Thierno Abdoul Karim Daff, un érudit qui a régné du temps des Almamys. Il y a construit une mosquée considérée comme la seconde construite en Afrique de l’Ouest après celle de Djenné au Mali. Une mosquée qui continue de résister au temps.
Fouta est mon inspiration. La dignité de sa population, la solidarité des familles, l’attachement aux valeurs de l’islam m’inspirent beaucoup et tous les jours.
Parcelles assainies, mon repère
J’habite aux parcelles assainies-Dakar. J’ai ma maison dans cette commune de Dakar. « Goudi goudi parcelles ». C’est au marché Dior où je prenais le car rapide pour aller à l’université. C’est aux parcelles où sont nés mes enfants.
À un moment de ma vie, j’avais décidé de quitter ma maison pour me retrouver à la cité Djily Mbaye où j’ai fait trois ans. J’avais tout entendu à l’époque. J’aurais abandonné les parcelles pour un quartier plus huppé d’après certaines mauvaises langues.
Ce qu’ils ne savaient pas est que cette maison me hantait. C’est dans cette demeure que j’ai eue les plus grands moments de complicité avec notre défunt fils. Il fallait à un moment changer d’environnement, fuire cette douleur que nos souvenirs provoquaient tous les jours, tous les instants.
Aujourd’hui nous sommes retournés dans cette maison.
Parcelles assainies est mon repère. C’est ce territoire que je « géolocalise » quand je suis loin. Parcelles me rapproche des Layennes, communauté disciplinée et organisée.
Kourouck mon village
Kourouck est dans la Casamance, commune de Sindian, département de Bignona. Ses habitants m’ont baptisé Thierno Bocoum Sané. J’aime ce village de la verte Casamance qui enseigne l’humilité, la bravoure, l’amour de l’autre. Kourouck est mon village. Je le porte dans mon cœur.
Touba ma boussole
Touba m’accueille plusieurs fois tous les ans. Talibé mouride convaincu, j’aime cette ville de tout mon être. J’admire ce qu’elle symbolise en terme de piété, de discipline, de travail. J’ai découvert touba à travers mon défunt père, talibé de Serigne Touba. Touba nous inspire, Touba nous guide.
Tivaouane, la ville sainte
Tivaouane, la ville sainte m’a accueilli. Je fais partie de ces enfants qui ont eu la chance de prier tous les vendredi avec Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh à la grande mosquée de Tivaouane pendant un an. J’ai aussi eu la chance de recueillir ses prières dans sa demeure à Diaksao. Tivaouane un haut lieu de l’Islam m’a beaucoup fasciné. Le Wasifa dans les mosquées raisonne encore dans mes oreilles et m’apaise le cœur. Tivaouone m’a fait découvrir Diassane, ce haut lieu de prière qui fait la fierté du Tidianisme.
Vélingara, la découverte
J’ai eu la chance de faire Vélingara (Kolda). J’étais à l’école des sœurs. Une expérience qui m’a permise de vivre pleinement le dialogue islamo-chrétien. Vélingara m’a fait découvrir d’autres facettes de notre culture et de nos traditions. Le Fouladou m’avait beaucoup appris.
Kébémer, le passage marquant
Kébémer (Louga) m’a aussi accueilli. C’est dans cette localité où j’ai eu l’entrée en sixième. À l’époque les noms des admis étaient inscrits dans le journal le soleil. C’était une fierté de voir son nom au soleil. Un journal que j’avais gardé longtemps. Kebemer, la ville du Président Wade m’a fait connaître M. Ndao qui fut mon proviseur et professeur au lycée Macodou Kangué Sall et plus tard notre chef de quartier à Mbour 3-Thiès. Un homme exceptionnel qui nous a quitté. Paix à son âme.
Kaffrine, cœur du doucoumane
C’est à Kaffrine où j’ai eu mon Bfem au CEM Ababacar Cobar Ndao. Le doucoumane m’a énormément appris des valeurs de travail et de fouleu. Kaffrine m’a fait découvrir une autre facette du Saloum profond.
Il n’est pas un seul département au sénégal où je n’ai pas mis les pieds. De Saint-Louis à Ziguinchor en passant par le Djolof, le Sine, Tambacounda, Backel…, j’ai découvert et apprécié un sénégal dans sa diversité ethnique et religieuse.
Quand je pense au Sénégal, je pense à tous ses territoires, à toutes ses religions, à toutes ses ethnies. Je pense à des membres d’une famille qui doivent faire l’effort de se connaître, de se comprendre, de s’entraider… La diversité est une richesse à sauvegarder. Que chacun apprenne de son prochain et vis versa.
Unis dans nos principes et nos valeurs, nous serons assez forts pour faire face à tous les défis qui interpellent notre jeune nation.
Thierno Bocoum