Samuel Ahmèd Sarr, ancien Ministre de l’Energie, une personnalité publique, découverte en 1993, suite à l’affaire Me Babacar Sèye, est riche comme Cresus. Fils d’un journaliste sénégalais, Mamadou Doudou Sarr dit «Sarr binocles» ou «Sarr cinéaste» pour ses œuvres cinématographiques et d’une Gambienne, Jessica Mbow. Samuel, accusé de devoir de l’argent à des personnalités du monde des affaires Sénégalais, dont Cheikh Amar, est totalement faux. Ce natif du le 23 novembre 1965 dans la capitale gambienne au Victoria Hospital de Banjul a fait fortune dans les montages financiers. Pas besoin de sous d’autrui. Portrait…
Mais, un simple regard dans le « succes history » de ce spécialiste des finances, réalisé par Leral, permettra de comprendre que l’accusé n’a plus de soucis d’argent depuis belle lurette. Très sollicité dans le monde des affaires, il s’est tiré son épingle du jeu à l’âge juvénile. Détenteur de plusieurs entreprises et sociétés, nichées dans divers pays du monde, l’homme dispose d’une solidité financière. Donc, découvre-t-on, le bravardage infertile et les débats de bornes fontaines ne l’intéresse point. Samuel, nanti vise désormais, le sommet de la gestion des affaires étatiques. C’est à dire, il souhaite disposer d’un jour le siège du Chef de l’Etat, pour être un homme entièrement, comblé.
Parcours d’un combattant financier atypique
Samuel Amète Sarr, connu pour son statut de « débrouillard », a grandi entre la Gambie et le Sénégal. Vivant une bonne partie de son enfance à Dakar, il a été envoyé à l’école maternelle Protestante de Dakar-Plateau (centre-ville dakarois), puis à l’école Sacré-Cœur, où il décroche son Certificat d’études primaires élémentaires (Cepe). Samuel, «bon élève», se découvre une passion pour le cheval. « Il a toujours eu un amour fou pour l’équitation. Et, il aime les chevaux. Cet amour ne l’a jamais quitté. Quand il a commencé à travailler, il en a même acheté », témoigne son grand frère.
Au début des années 1980, «Sarr binocles», papa de Samuel, est affecté à l’Ambassade du Sénégal à Paris comme Directeur de l’information. Samuel n’avait que 12 ans. La famille Sarr aménage dans un appartement, situé près de l’Ambassade du Sénégal, au 14 Avenue Robert Schumann dans le VIIème arrondissement de Paris. Arrivé presque 2 mois après la rentrée scolaire, le jeune Samuel risquait l’«année blanche». C’est le collège Emile Zola, au 46 avenue Franklin Roosevelt, qui acceptera in extremis le fils du diplomate sénégalais.
«Quand je suis arrivé, se souvient Samuel Amète Sarr, il ne restait plus qu’une place dans la classe.» Le hasard envoie le jeune Samuel s’asseoir à côté d’Edouard Boulan, fils du richissime Hervé Boulan, un des plus grands financiers de France, qui deviendra en 1984 le premier Pdg de Manufacture de Voitures de sport (Mvs). Ils deviennent très vite des amis inséparables. «Avec Edouard, son grand frère, Nicolas et les autres, nous menions la belle vie », se souvient Samuel. « Nous roulions en Porsche, Ferrari, et allions dans les places les plus huppées de Paris.» Jusqu’au jour où le drame s’invite dans la fête quotidienne de cette bande d’amis. Edouard se tue dans un accident de voiture. Et Nicolas, ne pouvant pas supporter la perte de son frère, se suicide. «Samuel en avait presque perdu la raison », explique Tidiane Sarr. Il a été très peiné par la mort de ses amis.»
Juste après son bac (option Sciences économiques, obtenu en 1988 au lycée jésuite Saint Joseph de Sète, dans le Hérault), Samuel Sarr quitté Paris pour aller pour poursuivre ses études supérieures au Canada. Il s’inscrit à l’Université du Québec. Trois ans après, son Bachelor of business administration (Bba), option finance, il a choisi la finance. « J’avais baigné dans ce milieu en France, Je savais qu’après mon cursus, je pouvais me faire de l’argent dans ce domaine.»
Ancien étudiant au Canada dans les 90, Samuel Sarr, parlant de ses études supérieures évoque souvent le Canada. Mais, il oublie toujours de dire aux Sénégalais qu’il n’y a pas terminé ses études universitaires. D’ailleurs, c’est quelques années après, précisément en 1997 qu’il a décroché en «executive program», son Master en business administration et finance internationale.
Samuel Amète Sarr, de retour en France en 1991 démarre une carrière dans la finance au sein du cabinet d’Hervé Boulan, son papa adoptif. Hervé Boulan, ce grand «Monsieur» de la finance française et mondiale lui a tout appris. « Il m’a pris sous son aile et m’a fait gagner beaucoup d’argent.»
L’ancien Ministre de l’Energie s’est fait de l’argent dans le montage financier. Spécialisé dans le montage financier, Samuel s’érige en «Monsieur Afrique» du cabinet d’Hervé Boulan. Personnage de l’ombre, il arpente capitales et Palais africains, s’invite dans les trafics lucratifs de la «Françafrique», se fait connaître de ceux qui, dans le continent noir, détiennent les puits de richesses. «J’ai gagné mon premier million de dollars (500 millions F Cfa) avec Omar Bongo (défunt Président du Gabon), avoue-t-il. Ensuite, j’ai beaucoup travaillé dans le manganèse avec Mobutu (ex-Président du Zaïre, actuelle Rdc). J’ai aussi fait d’autres affaires avec beaucoup d’autres Présidents africains à l’époque.»
De «deal» en «deal», Samuel Sarr apprend le métier, s’étalonne dans les rouages des finances. Nanti d’un épatant carnet d’adresses, il s’affranchit de son «papa», Boulan et ouvre ses nouveaux bureaux au cœur de Paris au 3 rue Quentin Bauchard dans le 8ème arrondissement. Dans cette rue perpendiculaire à l’avenue Georges 5, le jeune financier fructifie ses affaires. Il devient analyste-financier du Concorde Equipement finance de la banque Worms de Paris et directeur associé de Omni groupe finance. Samuel investit l’Afrique, surtout sa région occidentale. «Entre 1994 et les années 2000, j’ai été chef d’entreprise de plusieurs structures installées en Afrique », révèle-t-il. Il y avait les sociétés comme Bytech monétique (Gambie, Sénégal, Nigeria, Burkina Faso), Atlantic real estate Developement, une société immobilière (Gambie, Sénégal, France) et la société industrielle de produits hygiéniques (Namibie). Cette société fabriquait les tampons Tampax. Je l’ai revendue à des Sud-Africains à plusieurs millions d’euros.»,
Samuel Sarr jeune prospère a goûté aux joies les plus gratinées de la vie. Il se paie un jet privé Falcon 20 et un grand appartement à Neuilly, banlieue au nord-ouest de Paris et la plus riche de France.
Samuel et ses 3 passeports diplomatiques de différents pays africains
Conseiller pour l’Afrique d’International Water (Groupe Bechtel qui travaille aussi dans le nucléaire et l’énergie), Samuel Sarr en profite pour créer «Gampower limited». Une société implantée en Gambie et spécialisée dans la production d’énergie qu’il revend à Nawek, la société nationale d’électricité gambienne. «Mais Samuel finira par avoir des problèmes avec Yahya Jammeh au début des années 2000, qui avait décidé de nationaliser de force sa société, explique une source habituée des couloirs du palais gambien.
Mais si Samuel Sarr a fini par être indemnisé, c’est parce que dans les statuts de la société, il s’était présenté comme associé et non propriétaire.» Samuel Sarr : «C’était ma propre société et je l’ai vendue en 2001 au gouvernement gambien à des millions de dollars. Ça a coïncidé avec l’appel du ministre de l’Energie de l’époque, Abdoulaye Bathily aux Sénégalais de l’extérieur à venir investir dans leur pays.»
L’appel du ministre Bathily sonne comme un bon coup du destin. Samuel Sarr, qui rêvait jusqu’à présent de venir investir dans le domaine de l’Energie au Sénégal, décide, avec ses partenaires, de faire un saut à Dakar, histoire de rencontrer les autorités et de préparer leur prochaine implantation. Surprise : il sera interdit d’entrer dans le territoire sénégalais. «Nous devions régler une affaire de 120 méga Watts, raconte-t-il. Mes partenaires avaient fait un vol direct Bruxelles-Dakar et moi, j’avais décidé de passer par la Gambie pour régler quelques affaires, avant de venir au Sénégal. Mais une fois à l’aéroport Senghor, je me suis présenté avec un passeport diplomatique gambien.
Les policiers, qui étaient visiblement à l’affût, ont demandé à visiter mes bagages et y ont trouvé 3 passeports diplomatiques de trois pays africains différents. Ce qui était tout à fait normal pour un conseiller des Présidents de ces pays. Mais, les policiers n’ont rien voulu entendre, ils m’ont obligé à retourner en Gambie. J’ai été obligé de revenir avec des papiers sénégalais…»
Samuel Sarr, surnommé «Golden boy» en plein essor, soutient avoir épousé les idées de Me Wade alors qu’il était étudiant au Canada. Au début des années 90, il était l’un des principaux financiers du Parti démocratique sénégalais (Pds) et l’un des plus proches collaborateurs du Pape du «Sopi». Ce dernier, lui signait des ordres de mission pour lui faciliter l’accès dans certains pays d’Afrique où il allait négocier des autorisations d’exportation de diamant. C’est dans ces moments de forte collaboration avec Me Wade qu’il sera co-accusé, en 1993, de l’assassinat du vice-président du Conseil constitutionnel, Me Babacar Sèye.
Le « Goden Boy » est arrêté en plein vol, le 27 mai 1993. «J’ai été arrêté dans un avion, raconte Samuel. J’étais en partance pour des rendez-vous d’affaires avec des Présidents africains quand des policiers sont venus demander au commandant de bord de me faire descendre. Je pouvais refuser. Parce qu’ils n’avaient pas le droit d’entrer dans l’avion pour faire sortir. Mais, j’ai accepté de descendre sans incident. Je me suis rendu sans aucun problème.»
Inculpé officiellement pour complicité d’attentat, complicité d’assassinat et commission d’actes et de manœuvres de nature à compromettre le fonctionnement régulier des Institutions. Il a été incarcéré à la prison de Rebeuss (Dakar). L’argentier de Me Wade est accusé de faits compromettants. Dans un premier temps, il aurait nié connaître Assane Diop, un des assassins du juge Sèye, avant de se raviser face à la pression des enquêteurs et de reconnaître lui avoir remis 200 000 FCfa.
Pis, quelques heures après son arrestation, Le Soleil, quotidien national, publie un communiqué du gouvernement dans lequel, le pouvoir socialiste soutient que dans les documents importants saisis sur Samuel Sarr, il y avait des plans du Conseil constitutionnel. «Contrairement à ce que beaucoup de gens racontent, je n’avais jamais essayé de fuir du Sénégal », persistait-il. Je n’ai été nullement inquiété après la mort de Me Sèye. D’ailleurs, c’est moi qui apportais à Me Wade ses repas à la gendarmerie de Thiong, lorsqu’il a été arrêté. J’étais le seul à qui Madame Viviane Wade faisait confiance. Et comment quelqu’un qui a participé à un assassinat peut-il, se rendre chaque jour à la Gendarmerie ?»
Libéré sans jugement en février 1994, après près de 10 mois de prison, Samuel Sarr repart en France poursuivre ses activités de financier. Puis, il devient le conseiller du Président gambien, Yahya Jammeh à son accession au pouvoir à la faveur du coup d’Etat du 22 juillet 1994 qui a renversé le Président Dawda Jawara. Une fonction qu’il occupait aussi auprès du «généreux» Président Mobutu jusqu’à sa chute en 1997. « Chez Mobutu, je rencontrais souvent Cheikh Tidiane Sy, ancien ministre d’Etat, ministre de la Justice, Garde des Sceaux que je considèrais comme mon père.»
Businessman affairé, porté par une volonté farouche de s’asseoir à la table des grands financiers, Samuel Sarr n’a eu foi, pendant longtemps, que pour l’argent et le clinquant. Il courait le luxe, s’empiffrait de fric. Ses croyances n’excédaient pas ses comptes en banque. Mais un curieux événement lui fera changer de… conviction. «Ça m’est arrivé au Canada. Trois jours durant, je ne rêvais que de Serigne Saliou Mbacké, qui me disait de venir lui rendre visite à Touba, narre-t-il un brin mystique.
Sans hésiter, j’ai pris un avion pour venir au Sénégal. Arrivé à Dakar, je ne suis même pas allé chez moi, je suis allé directement à Touba. Une fois chez Serigne Saliou, je suis resté longtemps assis sous le grand cailcédrat à l’observer, avant de dire à un de ses chambellans que je suis venu du Canada pour voir le marabout. Quand le chambellan est allé lui en parler, il lui a dit de me faire venir. C’est ce jour là que je lui ai fait don de ma vie.»
De cette rencontre serait née une forte affection entre Serigne Saliou Mbacké et Samuel Sarr, qui voue au défunt Khalife général des Mourides un amour inconditionnel. «Serigne Saliou a été comme un père pour moi. Il m’a beaucoup donné et appris dans la vie, explique-t-il. Il m’a même envoyé un «njël» (talisman) que je porte toujours sur moi, avant de mettre une chemise ou n’importe quel boubou. Partout où je vais, je suis avec ce «njël».»
C’est chez le défunt Khalife général des mourides qu’il retrouvera pour la première fois Me Wade après son accession à la magistrature suprême. On est en 2002, Samuel est venu rendre visite à son guide religieux et le Président Wade, en visite officielle à Touba. Les deux hommes, qui ne s’étaient plus (re)vus depuis les événements de 1993, se retrouvent dans le salon du khalife. «Nous avons eu avec Serigne Saliou, Me Wade et moi, une longue conversation et Serigne Saliou m’a instruit d’aider le Président Wade à la construction du Sénégal.» Après leur conversation, le Président Wade et Samuel Sarr se sont mis à égrener ensemble un même chapelet, que Serigne Saliou leur a donné, comme pour sceller leurs retrouvailles devant… Dieu.
Un an plus tard, Samuel Sarr est nommé Directeur général de la Senelec (Société nationale de l’électricité) par décret présidentiel. Il y passera 3 années très controversées, avant de démissionner en 2006 pour s’occuper de ses affaires personnelles. En mai 2007, contre toute attente, Me Wade l’installe au ministère de l’Energie.
Un moelleux strapontin qu’il cèdera, en 2010, à Karim Wade, fils du Président et tout-puissant ministre d’Etat, ministre du «Ciel et de la Terre». Samuel quitte ainsi le building administratif. Sans jamais s’éloigner des affaires de l’Etat. Surtout de celles de son mentor politique. Entre-temps, la cinglante défaite d’avril 2012 est passée par là. Le Président Wade et sa femme, Viviane, ont été délogés du palais présidentiel.
Après un riche parcours politique, Samuel Sarr s’était inscrit en 2019 dans une logique de succéder son ex-frère de parti, Macky Sall à la tête de l’Etat Sénégalais. Cette décision, disait-il, était motivée par son désir de contribuer à l’œuvre de construction nationale.
Une candidature mûrie par la prospection engagée en amont par des Sénégalais et des Sénégalaises, notamment des jeunes, qui ont décidé de faire de l’homme, leur candidat. « Ils m’ont fait confiance car ils savent que je n’appartiens à aucun groupement d’intérêt politique ou économique, et que j’ai à cœur de m’investir dans l’édification d’un Sénégal nouveau. »