Le président iranien, Hassan Rohani, un accusé hier Israël d’avoir assassiné le scientifique Mohsen Fakhrizadeh, la veille près de Téhéran. «Une fois de plus, les mains sombres de l’arrogance mondiale ayant comme mercenaire le régime sioniste, ont été couvertes du sang d’un fils de cette terre et ont plongé la nation iranienne dans le chagrin de la perte d’un scientifique travaillant dur », a déclaré le président iranien dans un communiqué rendu public par l’agence Isna.
Pour Hassan Rohani, cet acte «horrible» et «terroriste» traduit «l’incapacité des ennemis jurés de l’Iran contre le mouvement scientifique et les capacités de la grande nation iranienne et de leurs défaites successives dans la région et dans d’autres domaines politiques du monde, qui a illuminé la profondeur de leurs méchancetés et rancunes auprès du monde entier ».
Et de poursuivre: «(…) Les ennemis de la nation iranienne doivent savoir avec le martyre de Mohsen Fakhrizadeh, non seulement la volonté de la jeunesse et des scientifiques iraniens ne sera pas perturbée dans l’accélération du chemin de la croissance scientifique , mais elle les rendra plus déterminés à poursuivre la voie de ce précieux martyr. »
Comme il a soutenu que «sans aucun doute», le ministère iranien de la Défense le «remplacera» en «bénéficiaire de ses collègues et de ses étudiants».
De son côté, le guide suprême iranien, l’Ayatollah Ali Khamenei, a évoqué hier, dans un message publié par l’agence iranienne Irna, la nécessité d’une punition définitive des auteurs et des commanditaires de l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh et la poursuite de ses efforts scientifiques et techniques. «Deux questions importantes devraient être sérieusement à l’ordre du jour de toutes les autorités compétentes: premièrement, la poursuite pénale de ce crime et le châtiment définitif de ses auteurs et commanditaires, et deux attribut, la poursuite des efforts scientifiques et techniques du martyr et dans tous les secteurs où il était engagé », at-il l’établissement.
Vendredi, le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, a condamné cet assassinat. Comme il a dénoncé un «acte terroriste», en évoquant des «indications sérieuses du rôle d’Israël». «Des terroristes ont assassiné aujourd’hui un éminent scientifique iranien. Cette lâcheté, avec des indications sérieuses du rôle d’Israël, montre le bellicisme désespéré de ses auteurs », a-t-il tweeté.
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a qualifié le scientifique iranien de père d’un programme nucléaire de la République islamique à vocation militaire, dont Téhéran a toujours nié l’existence. Le département d’État américain a indiqué, en 2008, que Fakhrizadeh menait «des activités et des transactions contribuant au développement du programme nucléaire de l’Iran».
Plusieurs scientifiques iraniens travaillant dans le secteur nucléaire ont été tués ces dix dernières années, lors d’attaques ciblées attribuées, par Téhéran, à Israël ou aux Etats-Unis.
En janvier 2010, le physicien Massoud Ali Mohammadi est assassiné dans la capitale. En novembre de la même année, deux autres physiciens sont visés par deux attentats à la bombe. L’un d’eux, Majid Shahriari, est tué.
Le même jour, un autre physicien nucléaire, Fereydoun Abbassi Davani, est visé par un attentat. En novembre 2011, l’explosion d’un dépôt de munitions dans la banlieue de Téhéran a fait au moins 36 morts, dont le général Hassan Moghadam, responsable des programmes d’armement des pasdarans, le corps des gardiens de la révolution, élite des forces armées iraniennes.
En juillet 2012, le scientifique Darioush Rezainejad, qui travaillait sur des projets du ministère de la Défense, est tué par balle par des inconnus à moto, à Téhéran. Par ailleurs, Israël est soupçonné d’être investi dans la mystérieuse explosion survenue en juillet dernier dans un centre abritant des centrifugeuses à Natanz.
Le président Donald Trump a récemment sondé les hauts responsables américains sur la possibilité d’agir contre un site nucléaire iranien, affirmait le 17 novembre le quotidien américain New York Times, ajout que ceux-ci l’en ont dissuadé.
En 2018, Donald Trump s’est retiré unilatéralement de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien signé à Vienne par la République islamique et le Groupe 5 + 1 (Etats-unis, Russie, Grande-Bretagne, France, Chine ainsi que l ‘Allemagne). Cet accord prévoyait, notamment, l’arrêt du programme nucléaire iranien en échange d’une levée de sanctions. En se retirant de l’accord, les États-Unis ont imposé de nouvelles sanctions à Téhéran pour asphyxier son économie.
Fin mai 2018, le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a énuméré 12 conditions pour conclure un «nouvel accord», avec des demandes beaucoup plus draconiennes concernant le nucléaire, les programmes balistiques de Téhéran et son rôle dans les conflits au Moyen- Orient. Washington rétablit en août puis en novembre de sévères sanctions, notamment contre les secteurs pétrolier et financier.
De grandes entreprises internationales mettent fin à leurs activités ou projets en Iran. Depuis, l’Iran a repris ses activités les plus sensibles. Le 8 mai 2019, l’Iran a annoncé n’être plus tenu de limiter ses réserves d’eau lourde et d’uranium enrichi, revenant sur des restrictions consenties dans l’accord.
Il a donné aux autres États du pacte jusqu’au 7 juillet pour l’aider à contourner les sanctions, avant de réduire à nouveau ses engagements. Les États-Unis imposent de nouvelles sanctions contre les secteurs du fer, de l’acier, de l’aluminium et du cuivre.
Le 1er juillet, Téhéran déclare avoir dépassé la limite de 300 kg imposée par l’accord à ses réserves d’uranium faiblement enrichi. Le 7, l’Iran confirme avoir commencé à enrichir l’uranium à un degré supérieur à la limite de 3,67% contenue dans l’accord. Actant l’échec d’une médiation, l’Iran décide le 4 septembre d’une nouvelle réduction de ses engagements en faisant sauter toute limite à la recherche et au développement dans ce domaine.
Le 7 septembre, il a rencontré en route des centrifugeuses avancées dont la production augmente son stock d’uranium enrichi, mais assure qu’il continue à autoriser le même accès aux inspecteurs onusiens chargés de surveiller son programme nucléaire.
Les Etats-Unis ont éliminé, en janvier dernier à Bagdad, le général iranien Qassem Soleimani, chef de la branche extérieure des Gardiens de la révolution.